Cherchant à se déprendre des automatismes anthropocentrés dans la recherche du mouvement, Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre misent avec Troisième Nature sur la possibilité d’une traduction, par le corps, de mouvements non humains voire non vivants. Iels parient sur la possibilité d’un corps qui se fasse paysage, au sens d’une multitude en devenir, d’un corps qui puisse se faire la surface d’inscription et de circulation de toute une diversité de modes d’existence.
Au centre d’un dispositif circulaire autour duquel le public est installé, iels recomposent un corps sensible non anatomique, fait d’une surface-miroir entraînant les spectateur.ice.s dans un voyage à travers l’aléatoire des formes.
Plutôt qu’un phrasé chorégraphique ou une corporalité définie, les images se succèdent, convoquant le phénomène de la paréidolie – ce transformisme spontané du visible, qui peut nous faire voir un cheval dans un nuage, ou une chaîne de montagnes dans des taches d’humidité !
Matière éminemment modelable, échappant à toute réduction d’interprétations préfabriquées, la métamorphose à vue de cette Troisième Nature s’inscrit dans les mouvements d’une poésie vivante.